Confiscation des poissons nobles ? Révolution d’octobre !

By | 28 septembre 2018

C’est officiel depuis aujourd’hui, 28 septembre : le 1er octobre la pêche plaisance du bar au-dessus du 48ème parallèle ressuscitera. Ce retour marque une victoire collective obtenue de longue haleine.

Mais comme un bon rapala bien manié, ce quota  retrouvé peut nous leurrer : la pêche plaisance ne doit pas trop se réjouir.

Au contraire, les mesures de gestion apparues en 2018 éclairent beaucoup de failles.

 

Une révolution, c’est un retour en arrière !

Se réjouir de retrouver un bar par jour, c’est déjà oublier que cette limite injuste avait fait hurler à juste titre, en 2016. Mais surtout, se satisfaire de cette micro « non-interdiction » signifie se plier à une gestion à l’ancienne : combien de bars seront soi-disant pêchés par l’ensemble des plaisanciers ? Faudra-t-il encore demander une nouvelle étude au CIEM qui pourrait s’autoriser une extrapolation des chiffres 2018 en notre défaveur ?

 

Une révolution par manque d’autorité légitime

Paris ? Bruxelles ? Qui a assumé une décision aux yeux des plaisanciers ? Combien de fois Bruxelles qui a voulu protéger une ressource mise à mal par des chaluts, a été vomie dans les réseaux sociaux ? Alors qu’à l’origine, c’est Paris qui a développé les outils de la mort du bar, Paris (via Ifremer) qui a cherché et trouvé où, quand, et comment piller les bars en frai ! Paris qui, en endettant des pêcheurs industriels, les force à rentrer dans un système d’exploitation à grand rendement de la ressource ! Paris, dont le ministère de « l’alimentation » met sur le même plan poisson noble et betterave ! Paris, averti depuis plus de 10 ans par les fédérations de plaisanciers qu’on allait dans le mur ! Paris, victime d’un « court termisme » qui s’est refusé à assumer sa fonction politique. « Gouverner, c’est prévoir ». Paris n’a pas gouverné, a laissé la « patate chaude »  du bar à Bruxelles.

Face au cynisme et à l’attentisme, les pêcheurs de loisir se sont au contraire montré responsables.

 

Une révolution culturelle à venir

Les pêcheurs plaisanciers ne sont pas habitués à battre le pavé. Ils l’ont fait pourtant, poussés par la révolte. Cette révolte a été portée par les réseaux sociaux, nouveaux « bars de la marine », où tout peut être dit, certes, mais qui ont eu des avantages : les réseaux sociaux ont structuré des pêchous débutants dans des revendications, ont initié un boycott du bar pendant le frai, et ont recueilli des fonds pour des recours en justice. Mais où étaient les pêcheurs silencieux ? Comment compter ceux qui récusent Fbook mais veulent lutter ? Les fédérations ont assumé cette fonction citoyenne. Par exemple, la révolte, in fine, cet été, a été portée par les représentants le plus engagés, par leurs expériences et dynamismes dans cette lutte : les représentants de l’European Anglers Alliance et de la Fédération Nationale de Pêche Plaisance.

Un mouvement, des structures naissantes, des leaders : les pêchous ont fait la mauvaise tête, et il faudra compter dorénavant compter avec eux : « Sire, si l’on voit où les bonnes têtes ont mené la France, il ne serait pas inutile d’essayer les mauvaises. » Honoré-Gabriel Mirabeau (1749-1791)

Un gestion démocratique de la ressource, une  utopie ? En tout cas : la participation au pouvoir est à portée de main, d’un clic.

Les changements ne se feront pas sans douleur. Après couper les caudales de leurs captures, remplir des formulaires fastidieux et contraints pour le thon, ce qui paraissait absurde, il leur faudra encore adopter d’autres réflexes qui permettraient d’ouvrir l’accès à la ressource.

 

De l’ardillon au « clic » : aux armes, pêcheurs citoyens !

Sortir du binaire interdiction/autorisation des poissons nobles appelle de la gestion. Parlons limite, assumons donc des quotas, seules alternatives aux interdictions. Il ne s’agit pas d’une révolution dans les pratiques : des modestes araignées aux bagues pour les thons trophées, les pêcheurs s’y sont habitués. Par contre le changement viendra des moyens : il faudra compter, donc recenser les prises à grande échelle.

300 idées différentes ne manqueront pas d’être générée sur les réseaux sociaux, en sortira peut-être une solution miracle, mais la tendance en 2018 devient lourde suite aux subventions européennes et les réformes étatiques : les documents administratifs à l’ancienne ne suffiront certainement plus. C’est l’objet numérique qui doit positionner les pêcheurs plaisanciers, en soulageant une administration attentiste.

Symbole de ce changement, la FCSMP changera de nom, et mettra en avant le rôle des chasseurs sous-marins dans le recueil de données : nous n’avons pas à laisser à d’autres le monopole de la parole sur ce qui se passe sous la surface ! Concrètement en 2019 la FCSMP ambitionne d’analyser le retour la langouste en Bretagne, de recueillir des données de captures en masses, pour toujours mieux lutter contre des injustices. Voilà l’enjeu : ne plus subir, ne plus rester un gage trop facile aux discours d’écologie punitive. Et cet enjeu va s’étendre à d’autres espèces que le bar : quid de la méditerranée où la ressource est moins nombreuse en poissons nobles, où des interdictions absolues viennent nourrir le braconnage et la rancœur ?

 

 

 

 

 

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