Les données concernant les ventes de bars en criée par les pêcheurs professionnels sont consultables en ligne sur internet sur le site Franceagrimer.
Saluons la transparence (pour une fois) des pouvoirs publics qui nous permettent de constater de visu que les prélèvements de bars sur les 8 premières semaines de 2018 sont supérieurs de 20% à celle de 2017.
Les prélèvements sont effectués par les pêcheurs professionnels au sud de la délirante frontière du 48ème parallèle au dessus de laquelle on vient d’interdire tout prélèvement à la pêche de loisir !
Toute la pression de pêche s’est détournée vers les frayères du Sud, et notamment le plateau de Rochebonne. Cette zone de reproduction du bar dans laquelle un arrêté a autorisé de nouveau la pêche au chalut de décembre 2017 à janvier 2018.
Depuis le 1er janvier, en pleine période de reproduction, 683.7 tonnes de bars ont été vendues en criée alors qu’à la même époque en 2017, seulement 564 tonnes de bars l’avaient été. Ce qui représente une augmentation de 21.2% !
De plus, on constate en regardant de manière plus fine que les bars de petites tailles (entre 500 grammes et 2 kilos) sont en très nette augmentation dans ces débarquements. Or, et c’est l’IFREMER qui le dit, un bar n’atteint sa maturité sexuelle que vers l’âge de 7 ans pour les femelles, soit pour un poids moyen autour de 1.2kg.
On continue donc en 2018 de débarquer des poissons qui ne se sont jamais reproduits.
Aujourd’hui la pilule est dure à avaler !
Nous expliquons tous à nos enfants que la préservation de la planète passe par une diminution de nos prélèvements sur les espèces les plus fragiles. Celles qui ont été victimes de la surpêche quand il n’y avait pour ainsi dire pas de règle.
Un durcissement de la règlementation a tout d’abord été demandé par les pêcheurs de loisir, fortement impliqués depuis des années dans la préservation de ce poisson hors du commun qu’est le bar, tant il était aisé de constater la diminution de la ressource.
- Nous avons demandé à nos adhérents d’appliquer une période de repos biologique bien avant que cela ne nous soit imposé;
- Nous avons demandé aux pouvoirs publics (et obtenu) que la maille de capture passe à 42 cm afin d’être certain de ne pas prélever un poisson qui ne soit pas reproduit (ce qui n’est toujours pas le cas pour les professionnels);
- En 2015 un quota imposé de 3 poissons par jour a été lui aussi accepté par les loisirs;
- Puis en 2016 nous sommes tombés de haut en apprenant que 6 mois de l’année la pêche du bar serait interdite pour les français du Nord du 48ème parallèle, et ensuite 1 poisson par jour seulement;
- Et en 2018 c’est la fin… L’union européenne décide de taper sur le bon élève et elle interdit tout prélèvement au pêcheur de loisir.
Toute cette règlementation pour que dans le même temps on constate que l’on continue méthodiquement de vider la mer des derniers poissons.
- On bafoue les droits des français, désormais « classés » suivant leur latitude pour savoir s’ils auront le droit de pêcher:
- On continue de mépriser la période de repos biologique, la seule mesure à même de rétablir un bon état du stock de poisson sauvage;
- On persévère dans cette erreur funeste qui consiste à prélever un poisson qui ne s’est jamais reproduit.
Alors non, c’est maintenant certain, le fait d’interdire la pêche du bar aux pêcheurs de loisir ne permettra pas de sauver ce poisson.
L’iceberg se rapproche et nous continuons à accélérer !
Si l’on continue de pêcher toujours plus avec des méthodes de pêche aussi massives que les chaluts, les pêcheurs professionnels eux même disparaîtront en même temps que leurs prises.
Et ils auront en plus fait disparaître les petits pêcheurs côtiers, ceux qui prélèvent avec un hameçon, ainsi que toute la filière de la pêche de loisir, avec notre passion.
Pierre Feuilly