Décision frileuse du conseil des ministres des 28 Etats membres
Le conseil des ministres, rassemblant les 28 Etats membres de l’UE, s’est réuni à Bruxelles le 12 décembre dernier afin de statuer sur les taux admissibles de capture (TAC) pour l’année 2017, y compris pour le bar. Alerté depuis plusieurs mois par les prévisions alarmistes des scientifiques quant au niveau de la ressource, l’ensemble de la filière loisir s’est mobilisé afin de trouver des solutions de gestion à long terme, équitables et éthiques.
Rappelons que le CIEM préconisait cette année un moratoire complet sur le bar pour la zone Manche et mer du Nord. Rappelons également que depuis l’année dernière, les pêcheurs loisirs n’y sont autorisés à pêcher qu’un bar par jour et par personne à partir du 1er juillet, tandis que les pêches professionnelles les plus destructrices ne sont plus autorisées à y sévir de façon ciblée sur l’espèce, au profit, majoritairement, des ligneurs.
Cette année, dans un contexte général sous tension, le conseil des ministres a fait preuve de frilosité, et de manque d’ambition, puisqu’il a décidé de reconduire les mesures 2016 pour les pêcheurs loisirs de la zone Manche et mer du Nord, et d’établir un quota de 5 bars par jour et par personne pour la façade atlantique.
La filière professionnelle est assez peu impactée sur la zone nord puisque les chalutiers de fonds sont autorisés à pêcher au maximum 3% des captures journalières dans la limite de 400kg par mois, les fileyeurs bénéficiant, quant à eux, d’un plafond de capture de 250 kg. Les ligneurs continuent d’être autorisés à prélever 10 tonnes de bars par an. En revanche, il est déplorable de constater qu’aucune mesure n’est prise pour la zone sud.
Les propositions de la commission européenne ignorées
Le 27 octobre dernier, la commission européenne faisait ses propositions pour 2017, laissant souffler un vent d’espoir sur les plaines de la pêche loisir. En effet, selon leurs préconisations, seuls les ligneurs étaient autorisés à prélever du bar sur la zone nord, tandis que les loisirs se voyaient octroyer un quota mensuel de 10 bars par mois et par personne comme nous le demandions. Nous déplorions toutefois l’absence de proposition pour la zone sud. Le travail de fond réalisé par l’EAA semblait porter ses fruits, et avoir convaincu les commissaires européens. La FCSMP se félicitait d’ailleurs d’avoir pu porter la voix des chasseurs sous-marins au sein de la commission européenne, et des systèmes cohérents permettant la mise en place et le suivi d’un quota mensuel étaient à l’étude. C’est donc partagés entre déception et surprise que nous accueillons les décisions du conseil des ministres !
Soulignons que les réactions des représentants professionnels et de notre secrétaire d’état à la pêche, Monsieur Vidalies, présentent les décisions du conseil des ministres comme un consensus satisfaisant, ne faisant aucun cas de la situation de la pêche récréative dans ce dossier. Nous ne partageons bien évidemment pas cette vision et déplorons le soutien inexistant de nos instances à la filière loisir !
Une enquête récente que nous avons menée sur la zone nord tend à démontrer que les prélèvements des chasseurs sous-marins sont anémiques, au regard de ceux pratiqués par la pêche professionnelle. Nous observons une nouvelle fois que les représentants de cette dernière ignorent complètement les enjeux réels que sont la sauvegarde des ressources halieutiques. Hubert Carré, directeur général du comité des pêches (CNPMEM) déclarait d’ailleurs à l’AFP que « le stock Nord est très, très mal, car il ne se reproduit pas, et on ne sait pas pourquoi », mais que le stock du golfe de Gascogne « se porte plutôt bien ». Cette absence de connaissance, et ces raccourcis analytiques, nous souhaitions les combattre en mettant en place des outils de collecte de l’information pour la filière loisir, car nous continuons de penser qu’il s’agit d’un enjeu prépondérant.
L’ambition pour salut
Bien que nous déplorions le manque d’ambition de nos instances dirigeantes, nous tirons tout de même les leçons de ces décisions afin de préparer l’avenir. Car nous persévérons dans l’idée que la ressource halieutique mérite que l’on prenne des mesures de gestion visant à la pérenniser dans le temps, avec un souci d’équité entre les différentes parties prenantes de la communauté maritime.
Aussi, nous sommes satisfaits que le lobby de la pêche plaisance, et plus particulièrement la chasse sous-marine, ait réussi à porter, auprès de la commission européenne, un projet ambitieux, et à la convaincre. Nous devons maintenant persévérer dans notre voie afin de réussir à transformer l’essai au niveau national, et qu’enfin un réel équilibre soit trouvé.
Plus que jamais, nous sommes convaincus que le salut du bar passera par une consolidation de la représentativité de la filière loisir. Cela se fera par l’union, déjà en marche, des différents acteurs. Si le conseil des ministres n’a pas su adopter un projet expérimental intelligent, nous savons que la situation d’urgence imposera, tôt ou tard, de revoir ses positions. C’est donc dans cette optique que nous nous engageons à maintenir le cap.
Communiqués:
Presse:
– Les pêcheurs pros plutôt satisfaits
– L’UE s’accorde sur les quotas de pêche
– La France ne s’en sort pas trop mal
– Les ministres ménagent les professionnels
– Le CE a fixé les TAC et quotas pour 2017