Bar: CR réunion parlement européen 11/10/16

By | 19 octobre 2016

 

Cette réunion était organisée conjointement sous l’égide de la EFTTA (European Fishing tackle trade Association) et de l’EAA (European Angler Association), en présence de la Présidente du Forum RecFishing : la députée européenne Norica Nicolai et avait pour but de d’émettre des propositions de  gestion du bar sur le long terme.

La FCSMP avait été conviée à participer au titre de l’IFSUA (International Forum for Sustainable Underwater Activities.) Nos collègues de la FNPPSF étaient présents aussi, le président Jean Kiffer présidait d’ailleurs la réunion, au nom de l’EAA. Au cours de cette rencontre, les arguments développés par les différents intervenants ont été entendu avec force par la commission européenne. 

intervention Ian Noble (Angleterre):

Le bar est, comme partout dans l’UE, un poisson emblématique et si la préservation de ce poisson est indispensable il faut cependant trouver un moyen d’éviter le moratoire. 

Il y a 3 millions de pêcheurs de loisir en GB, des chiffres très proches des chiffres de la pêche récréative française, en 2012 cela représentait environ 1,3 millions de livres pour l’économie britannique. Le pêcheur de loisir qui pêche 1 kilo de bar dépense en moyenne une centaine d’euros. Le poids économique de la pêche de loisir serait donc 3,3 fois plus important que la pêche professionnelle, avec un impact environnemental nettement moindre et une possibilité supérieure de relâcher des poissons maillés et vivants.

Les mesures d’urgence prises en 2016 autorisant la capture d’un seul poisson par pécheur, en prenant en compte une dépense moyenne par sortie de l’ordre de 70 livres, ont amené une perte économique pour le Royaume Uni d’environ 938 000 livres sterling.

Pour l’Europe dans son ensemble il y aurait 400 millions d’euros dépensés annuellement pour la capture de ce seul poisson !

                                  

Intervention de Mr David Mitchell, ( Angleterre, Angling Trust) : 

1- il faut appliquer à tous les états membres la même politique européenne, ce qui n’est pas le cas partout (cf cas de la France qui traine des pieds depuis des années pour appliquer la simple protection des frayères)

2- il faut favoriser les pêcheries ayant le plus faible impact environnemental (ligneurs pros et loisirs). Les hameçons sélectionnent les individus en recherche de nourriture, les filets attrapent les individus sans distinction.

3- il faut maximiser les bénéfices socio-économiques.

4- Il faut rechercher et maintenir un indice élevé d’abondance : plus il y a de poissons et plus il y aura de pêcheurs et donc plus les retombées économiques seront importantes

5- Il faut permettre le maintien de la totalité de la pyramide des âges, si le pêcheur n’a plus de possibilité de capturer le poisson d’une vie il risque de se détourner de son loisir.

6- Il faut exercer un suivi rigoureux et documenté des pêcheries, et un programme ambitieux doit être mené par exemple en mettant en place un serveur vocal d’enregistrement des captures par téléphone après déclinaison d’un identifiant unique pour chaque pêcheur.

Enfin l’accès à la mer doit rester possible pour tous les citoyens de l’UE, sans distinction.

Intervention de  M. Kiffer (France, président FNPPSF):

Pour lui,la frontière aujourd’hui entre la plaisance pure et la pêche en mer est très mince, 80% des acheteurs de bateaux annoncent envisager dans leurs objectifs des sorties de pêche.

Récemment le Languedoc Roussillon a inscrit la pêche de loisir comme une de ses priorités de développement, la plaisance dans son ensemble pèserait dans ce département entre 5 et 10 millions d’euros par an, soit un rapport 9 en sa faveur vis à vis de la pêche professionnelle.

La pêche récréative est une activité trans-générationnelle, impliquant toutes les classes de la société et apportant des transmissions de savoir et de culture commune.

Les différentes fédérations se sont engagées en France pour une pêche éco responsable et durable.

Les mesures actuelles appliquées en 2016 sont incohérentes, elles ont été prises dans l’urgence et ont abouti à couper la France en deux. Cette ligne de démarcation séparant deux zones où les tailles légales de capture ainsi que les quantités sont différentes ont amené des grandes difficultés à effectuer des contrôles qui soient réellement efficace. De même le report sur les frayères situées au sud du 48ème parallèle fait craindre un effondrement possible (probable?) du stock de bar de la zone sud.

De plus, ces mesures sont injustes et dangereuses : des communes du littoral sud se sont ainsi trouvées nettement avantagées au détriment de celle situées au Nord par les touristes halieutiques. Il faut rappeler également que la majorité des pratiquants en pêche de loisir déclarent effectuer entre 5 et 10 sorties par an, or les pratiquants du Nord ont bien souvent renoncé à leur loisir pour un but de sortie limité à un seul poisson.

Enfin les estimations de prélèvement sont très nettement surestimées, les pratiquants français ayant eu à subir la double peine de la maille à 42 cm suivi immédiatement après des quotas de capture.

 Deux indicateurs montrent une réelle diminution de l’attractivité de la pêche récréative en 2016 :

  • La liste d’attente de place dans les ports est en train de diminuer voire disparaître dans certaines places.
  • Dans le même temps le nombre de bateaux d’occasion ne cesse de croître.

 

La FNPPSF propose donc :

  • que les mesures pour 2017 s’appliquent à tous pour tous les métiers et toutes les zones, sans dérogations.
  • que la période de repos biologique corresponde à la réelle période de reproduction du bar, à savoir de décembre à avril
  • la capture du poisson étant par essence aléatoire un quota journalier se trouve donc inadapté et donc un quota mensuel ou annuel serait nettement préférable.

La mise en place de ce quota mensuel ou annuel permettra enfin de connaître les prélèvements de la pêche de loisir de façon précise et non plus estimée. Plusieurs exemples de quotas de ce type sont déjà mis en place en France : c’est le cas des déclarations de capture des anguilles (carnet rempli par le pêcheur), ou le thon géré grâce à un système de bague, comme c’est le cas en chasse terrestre pour la bécasse, le lièvre etc…

L’implication des fédérations de pêche de loisir dans la gestion de ce quota est incontournable du fait de leur engagement sur le long terme et leur expérience des pratiquants.

                                   

 

Intervention de Mr.William Roche (Irlande):

L’Irlande pratique la gestion du bar sur le long terme depuis 25 ans, et enregistre des données de capture depuis 1963.

Un arrêté pris en 1990 a rendu illégale la pêche du bar par les professionnels, et un quota journalier de deux bars a été ouvert aux seuls pêcheurs de loisir avec une maille à 40 cm et une fermeture annuel du 15 mai au 15 juin.

Evidemment la vente de tous bar est interdite hormis les bars d’importations.

L’Irlande est le premier pays européen à avoir compris très tôt l’intérêt de préserver cette ressource qui rapporte annuellement 71 millions d’euros à l’économie du pays. Aujourd’hui 13000 pêcheurs irlandais et 22500 pêcheurs étrangers sont à la base de cette richesse, une gestion sur le long terme de l’ensemble des pays de l’UE serait donc profitable à l’ensemble des pays de la zone.

Intervention  commission européenne DG Mare, (représenté par Mme Maja Kirchner):

il convient de rappeler que les premières mesures de gestion du bar sont arrivées en 2014, auparavant il n’y avait rien en dehors de la taille minimale de capture à 36cm.

De grands progrès ont été menés pour permettre au stock de se reconstituer, notamment la protection des frayères. Et la prise en compte de tous les éléments avancées par les associations de pêcheurs de loisirs a bien été prise et actée lors des réunions successives ayant eu lieu cette année.

Toutefois il est acquis que les effectifs du stock Nord de bars sont dans un état catastrophique, un moratoire est demandé par les scientifiques du CIEM pour l’année prochaine.

Il est à souligner que la commission spécialisée DG Mare a tenu à se déplacer en Bretagne cette année pour entendre la voix des petits pêcheurs côtiers (il semblerait qu’ils ne soient pas correctement représentés par les comités des pêche, d’où ce déplacement).

Aujourd’hui les dernières estimations donneraient une diminution des prélèvements de l’ordre de 44% par rapport à l’année 2015.

 

Séance de questions ouvertes:

Un représentant des ligneurs professionnels hollandais a demandé les mesures qui sont envisagées pour éviter qu’en 2017 de nouveaux prélèvements abusifs de bars sur frayères ne soient faits par les chalutiers français sur un prétexte de vide juridique. Et il souhaitait savoir si la diminution de 44% des prélèvements avait tenu compte de ces apports inacceptables du mois de janvier 2016.

La réponse a été que ce cas de figure ne pourra pas se reproduire en 2017, la protection des frayères ayant été mise en place elle ne pourra pas être retiré lors des prochaines mesures qui interviendrons en décembre 2016.
Les Hollandais souhaite aussi voir se mettre en place un système de déclaration de capture géré par un serveur téléphonique pour avoir un suivi rigoureux de la pêcherie.

Mme Kirchner a enfin déclaré qu’elle avait reçu nombre de courrier demandant explicitement à ce que le bar soit réservé aux seuls pêcheurs de loisirs.

J’ai alors pris la parole en rappelant notre participation au sein de l’IFSUA et en insistant sur les points suivants :

1- les chasseurs sous-marins (dont la FCSMP) sont prêts à prendre leur juste part dans le rétablissement du stock de bar sous réserve que les mesures demandées couvrent l’intégralité de la façade Atlantique, Manche Mer du Nord.

2- si un quota mensuel ou annuel devait être mis en place il faudrait s’appuyer sur les fédérations qui auront à cœur de gérer scrupuleusement le suivi de cette espèce.

3- les chasseurs sous-marins sont, avant toute chose, limité par leur propres capacités physiques, et il faut souvent des années de pratique avant de parvenir à prélever son premier bar.

 

Alain Cadec, député européen et président de la commission pêche du parlement européen, également président du conseil départemental des Côtes d’Armor a alors pris la parole avant de clore la séance :

  • il faut préserver la ressource pour que l’activité perdure
  • il est en réunion avec le commissaire Bella toutes les deux semaines au sujet de la pêche européenne
  • il rappelle que 70% des prélèvements de bars sont effectués par les français
  • il est aujourd’hui nécessaire de prendre des mesures drastiques mais mettre en place un moratoire est aujourd’hui impossible
  • il ne faut pas opposer les pêcheurs pros et récréatifs, « nous avons le devoir de sauver les ligneurs ! » (contre les pélagiques, bolincheurs ou filets maillants)
  • Tout ce qui est vrai aujourd’hui pour le bar va le devenir dans un futur proche pour le lieu, la daurade, la morue…et il sera nécessaire de trouver des compromis.
  • En Irlande il n’existait pas de petits pêcheurs professionnels en 1990, mais en France en 2017 il faudra en tenir compte
  • La solution avancée du carnet mensuel est intéressante, mais pour sortir des statistiques intéressantes elle doit permettre d’entrer la date, l’heure ainsi que la position des lieux de pêche.

 

Pour conclure : en fin de réunion j’ai pu aborder les différents protagonistes présents sur l’estrade, nos arguments ont clairement été entendus, notre activité spécifique a suscité également quelques questions.

Au sujet de notre enquête en cours, j’ai rencontré un vif intérêt de la part de la collaboratrice du commissaire européen des pêches. J’ai le sentiment que le spectre du moratoire s’éloigne un peu, mais ne nous y trompons pas rien ne dit que le gouvernement français suivra les préconisations de la commission européenne.

Les lobbys des pêcheurs pros sont puissants et leur pouvoir de blocage très important, mais aujourd’hui la pêche récréative dans son ensemble si elle ne joue pas sa survie représente néanmoins une puissance économique incontournable.

Il faudra donc que les états membres et le conseil des ministres prennent en compte l’ensemble des impacts sociaux, environnementaux et économiques avant de mettre en place un moratoire.

 

 

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