Pêche du bar: quel avenir pour les loisirs?

By | 20 juillet 2016

Apres avoir préconisé en zone Nord pour les récréatifs 3 bars/jours en 2015, 6 mois de no kill puis 6 mois à 1 bar/jour en 2016, le CIEM préconise de nouvelles mesures encore plus drastiques pour 2017: la mise en place d’un moratoire sur le bar qui concernerait toutes les formes de pêche. Alors que ces mesures d’urgence étaient instaurées en préalable à la mise en oeuvre d’un plan de gestion du bar à moyen/long terme qui devait être discuté en 2016, on se dirige vers de nouvelles mesures d’urgence, étayées par de nouvelles analyses alarmantes sur l’état des stocks en zone Nord.

I. Que dit l’avis CIEM?

« Si l’approche de précaution est appliquée, il devrait y avoir zéro capture (commerciale et récréative) en 2017. » 

Dans leur analyse, les scientifiques du CIEM estiment que malgré l’instauration de mesures d’urgence en 2015 et 2016, le stock de reproducteurs de la zone Nord est passés sous la biomasse limite. Selon leurs estimations, le stock restera sous la biomasse limite en 2018, l’état de celui-ci ayant même empiré…. Face au constat la préconisation est sans appel: moratoire total suspendant en 2017 tout prélèvement de bars en zone Nord!

II. Que va décider le Conseil de l’Union Européenne?

Si l’on s’en tient aux décisions prises en 2015 et 2016, le Conseil de l’Union Européenne suit assez fidèlement les préconisations du CIEM, tout en ménageant les susceptibilités des lobbies professionnels et récréatifs. Ainsi en 2015 la proposition de limitation à 1 bar/jour du CIEM a laissé place à une mesure limitant les prises à 3 bar/jour. En 2016, le moratoire de 6 mois préconisé par le CIEM a été ramené à 2 mois pour les ligneurs et les filets maillants par les ministres européens.

Par ailleurs, historiquement, seul le moratoire sur la raie brunette, conseillé par les scientifiques  a été introduit par le Conseil de l’UE dans l’histoire de la PCP et l’on peut espérer que les ministres européens de la pêche ne valideront pas à 100% le conseil scientifique du CIEM à propos du bar. Reste à savoir quel lobbies influenceront leurs décisions…

III. Qui défend les pêches récréatives et comment?

Défendre les pêcheurs récréatifs et donc les chasseurs sous-marins lorsque les décisions sont prises à l’échelle européenne représente une action complexe car elle doit se jouer à deux niveaux et s’organiser d’une voix unanime pour espérer être entendue. 

Au niveau de la Commission Européenne qui élabore les propositions discutées par les ministres, seules des organisations associatives européennes peuvent intervenir pour représenter et faire entendre la voix des pêcheurs de loisir. C’est le cas de la puissante EAA (page fb)et de l’IFSUA (page fb). FCSMP adhére comme la FNPSA à l’IFSUA qui les représente alors que la FNPPSF est membre de l’EAA.

L’IFSUA tout comme l’EAA participe aux concertations européennes. Jean Kiffer de la FNPPSF, en tant que membre EAA , a pu rencontrer les commissaires européens pour faire la promotion de la mise en place d’un quota mensuel (20 ou 25 bars) pour les pêches récréatives. Cette position a d’ailleurs été soutenue par l’EAA dans les débats.

Cependant, la personne la mieux placée pour défendre nos intérêts à Bruxelle est bien notre secrétaire d’état en charge de la mer et de la pêche Alain Vidalies. Malheureusement, alors que la Commission Européenne semblait prête à réexaminer la situation, notre ministre de la pêche ne semble pas encore disposé à soutenir les pêcheurs récréatifs. Sa réponse à la question du député Stéphane Travert en témoigne… 

Faut-il alors abdiquer? Bien sûr que non, par le biais de l’AF3P, nous continuons d’exercer une pression sur le ministère aux côtés de la FNPPSF. Une rencontre avec le secrétaire d’état a déjà eu lieu et une autre est dèjà prévue à l’automne. Les choses évoluent de façon positive. Par ailleurs, la puissante CNP, Confédération du Nautisme et de la plaisance qui aujourd’hui est en ordre de marche, doit elle aussi rencontrer les parlementaires le 12 octobre. Elle y débattra de ce sujet et fera valoir les conséquences économiques catastrophiques sur la filière nautique de mesures disproportionnées. Celle-ci représentera, pour la première fois, le monde de la plaisance aux Assises de la Mer qui se dérouleront à la Rochelle les 8 et 9 novembre.

Enfin, les pêcheurs de loisir peuvent toujours compter sur le député européen Alain Cadec qui continue d’oeuvrer dans le sens de leurs intérêts à son niveau.

IV.  Positionnement de la FCSMP

Pour prendre les devants et devenir force de proposition voici les principales avancées que nous défendons:

Considérant le dernier diagnostic sur l’état du stock de bar au Nord du 48ème parallèle nous tenons à affirmer notre désaccord sur l’évaluation faite par le CIEM sur la mortalité du bar par pêche récréative et professionnelle au cours de l’année 2016.

Avec une chute des débarquements estimés de l’ordre de 30% dans le document nous considérons que cette diminution est aujourd’hui nettement supérieure à 50%. Les possibilités de capture limitées sur 6 mois de l’année seulement à 1 seul bar par jour et par pêcheur ont découragé de fait de très nombreux pratiquants. La fréquentation de l’estran par les pêcheurs du bord ainsi que la présence des navires sur nos côtes ont diminué de façon très sensible cette année.

Une collecte de données est lancée auprès de nos adhérants et des pratiquants de tout bord pour évaluer plus précisément cette baisse. Nous produirons les résultats des enquêtes menées pour la fin de l’année 2016.

D’autre part, par le biais d’IFSUA et AF3P, nous demandons à ce que la période de fermeture saisonnière pour repos biologique programmée pour l’année 2017 corresponde à la réelle période de reproduction, à savoir du 1er décembre au 30 avril inclus.

En tenant compte de l’impact socio-économique des mesures de gestion inadaptées mises en place en 2016 nous souhaitons donc :

  • Mise en place d’un quota annuel ou mensuel, ou alors revenir à un prélèvement de 3 bars par jour et par pêcheur, assorti d’un prélèvement maximum annuel de 50 bars par pêcheur.
  • Mettre en place une période de repos biologique pour la période allant du 1er décembre au 30 avril.
  • Uniformiser ces mesures à l’ensemble de la façade Atlantique dans un souci de précaution devant l’absence de données sur l’état du stock au sud du 48ème parallèle.

Le contrôle de ces mesures pourrait passer par une déclaration obligatoire du pratiquant au sein d’une fédération, ainsi que l’obligation de déclaration des captures au travers d’un portail déclaratif.

La FCSMP formule donc des propositions adaptées à la situation actuelle.

Elle tient à rappeler l’importance de ce poisson emblématique pour l’ensemble des pêcheurs de loisirs et souligne qu’elle a été partie prenante dans la mise en place d’une maille biologique de capture a 42 cm ainsi que d’une période de repos biologique pour l’espèce réclamé depuis plus de 10 ans maintenant et malheureusement mis en place en 2015 seulement.

 

V. En conclusion

Si la pêche de loisir du bar est menacée, ses représentants ne subissent pas de façon passive les évènements comme certain parfois semblent le penser. Face à une conjoncture de plus en plus compliquée, la pêche de loisir s’adapte et agit de façon structurée et partenariale dépassant tout clivage représentant un frein à la défense de ses inérêts généraux. Le chasseur sous-marin autrefois isolé et franc-tireur fait partie intégrante de ce mouvement et partage les idées défendues et discutées aujourd’hui autour du concept de quotas mensuels ou annuels qui verront peut-être le jour à l’avenir …. Les décisions sur la gestion des stock de bar seront actées en décembre 2016, d’ici là nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour infléchir la tendance et se dire que la pêche loisir du bar existera encore en 2017 dans les zones nord et sud de manière responsable !

Participer à l’enquête FCSMP chasse sous-marine diu bar

 

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