Votre panier est actuellement vide !
Pêche sous-marine du denti chiffres et réalité

Quelques chiffres sur les prises de denti (Dentex dentex) réalisées par la pêche sous-marine.
L’instauration d’un moratoire pour la pêche de loisir du Denti en Corse a récemment été évoquée. Parallèlement à son action entreprise auprès du comité des pêches local, la FCSMP a donc entrepris une étude afin de situer les prélèvements de cette espèce par la pêche sous marine (PSM). Une publication récente établit un état des lieux des prises de denti par la pêche professionnelle en Méditerranée et plus spécifiquement en Corse (Marengo et al, 2014, A review of biology, fisheries and population structure of Dentexdentex (Sparidae), Rev Fish BiolFisheries, 24 :1065). Le conseil scientifique de la FCSMP a comparé les données de cette publication avec celles enregistrées sur le carnet de pêche FCSMP pour les années 2009 à 2012.
Suivant cette étude, les débarquements de dentis par la pêche professionnelle en Méditerranée varient entre 5400 tonnes par an (t/a) dans les années 1950, et 10329 t/a dans les années 1990. Le carnet de prélèvement FCSMP montre que le denti représente 3% des prises pour un poids moyen de 2,3 kg.
Les 77 adhérents alimentant le carnet ont capturé 214,5 kg de denti en 4 ans, soit 53,6 kg/an. Le nombre de pêcheurs sous-marins de l’ensemble des départements de la façade méditerranéenne peut être obtenu par les déclarations aux affaires maritimes et des licenciés FFESSM de l’année 2009, soit 26504 déclarations. Les prises de dentis par les PSM français seraient donc de l’ordre de 18,5 tonnes par an (26504 x 53,6 / 77), soit 0,2 % des débarquements de la pêche professionnelle (années 1990). Il serait bien sûr intéressant de pouvoir disposer du nombre total des PSM pour la Méditerranée. Ce chiffre n’est pas disponible, mais il est possible d’en faire une estimation. La France est un des pays où la PSM est la plus pratiquée avec l’Espagne et l’Italie, qui possèdent un linéaire côtier supérieur. La PSM est aussi largement pratiquée en Grèce, Croatie et Turquie. Les données sur les pays d’Afrique du Nord sont rares, mais la PSM ne semble pas y être pratiquée sur une grande échelle. Sur ces bases, il serait possible de proposer un chiffre d’environ 200 000 PSM en Méditerranée, le prélèvement PSM du denti pourrait donc être estimé à 140 tonnes/an, soit 1,35% des prises de la pêche professionnelle (années 1990).
Si l’on considère maintenant le cas de la Corse, ou l’idée d’un moratoire est envisagée pour la pêche de loisir du denti, une donnée intéressante, mentionnée par l’étude de Marengo et al, évalue le débarquement de denti par la pêche professionnelle Corse à 28,3 tonnes en 2009 et 26,5 tonnes en 2010. Par comparaison, toujours en se basant sur les moyennes du carnet FCSMP, l’ensemble des PSM en Corse (3388 déclarations affmars et FFESSM) prélèveraient environ 2,37 tonnes/an de Dentis, soit 8,9% (année 2010). Une autre donnée intéressante concerne le rendement d’un palangrier opérant dans le secteur de Bonifacio qui est de 6,7 kg de denti pour 100 hameçons. Sur la base d’une centaine de sorties par an, en utilisant deux palangres, ce qui est relativement courant pour ce type de pêche, un tel bateau prélèverait 1,37 tonnes/an de Denti (6,7 x 2 x 100). Deux bateaux préleveraient donc une quantité équivalente à l’ensemble des PSM en Corse. La Corse comprend 187 bateaux pratiquant la pêche côtière, mais le nombre exact de palangriers n’est pas connu ( http://www.crpmem-corse.com/Diagnostic-de-la-peche-Corse_a116.html).
Il est intéressant de remarquer la bonne cohérence entre ces comparaisons qui, à partir d’observations indépendantes, situent la réalité de la PSM du Denti en Corse, et en Méditerranée, à quelques pour cent des prises de la pêche professionnelle. Il est aussi important de remarquer que la PSM du Denti est notoirement difficile. Elle se pratique en général au delà de la zone des 15 mètres et nécessite un temps d’apnée important de l’ordre de deux minutes, ce qui n’est pas à la portée de la majorité des PSM. Les zones propices ne sont souvent accessibles que par bateau.
Parmi les pratiquants remplissant le carnet de pêche FCSMP, seuls 23% ont capturés au moins un denti sur la période de référence. La plupart d’entre eux sont de niveau moyen à très bon et pratiquent toute l’année, ce qui n’est pas le cas de la plupart des PSM déclarés, qui pratiquent durant les mois d’été ou à l’occasion des vacances. Nous pouvons ainsi affirmer sans risque que le nombre des PSM capturant des dentis est certainement inférieur aux nombre de déclarations affmars et licences FFESSM. Nous considérons donc que notre estimation des prises du Denti à l’aide du carnet de pêche FCSMP est probablement un peu surestimée. Au delà de ces considérations, il serait aussi important de pouvoir évaluer l’ensemble des prises de la pêche de loisir embarquée pour laquelle le denti est une prise recherchée.
Au vu de ces données, s’il s’avérait qu’une réglementation sur le Denti s’impose, du fait de la diminution des stocks, des mesures ne pourraient s’appliquer qu’à l’ensemble des pêches professionnelles et de loisir. Toute mesure ciblant exclusivement la pêche sous marine serait non seulement injuste, mais aussi factuellement erronée et donc complétement inefficace. Cependant, consciente de sa responsabilité quant à la préservation des populations de cette espèce, FCSMP souhaite être partie prénante de toute réflexion ou discussion qui pourront être menées sur le sujet.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.