Les 14 et 15 novembre à Saint-Nazaire, la FCSMP a participé aux premières assises nationales des pêches de loisir en mer et de la plaisance. Cet évènement, organisé conjointement par les cinq fédérations signataires de la charte d’engagement (FNPPSF, FFPM, UNAN, FFESSM et FCSMP) a permis de dresser un état des lieux, de partager les connaissances mais aussi d’évoquer le poids économique de la pêche de loisir ainsi que ses perspectives.
Dans cet article, Pierre Mahieu, Vice-Président de la fédération, vous livre ses impressions.
Les assises : un film plus prenant qu’une vidéo de ragues…
Pendant un an et demi, s’est élaboré ce colloque nommé « Assises », pour asseoir une « nouvelle force de proposition ». 18 mois où les représentants des cinq fédérations (côté FCSMP Bruno Laviron et moi-même) avons discuté des lieux, des dates, des organisations des ateliers, des financements …
Hier les yeux dans le guidon de l’organisation, ce matin du 14 novembre nous prenons le temps et le plaisir de contempler le décor : affiches géantes, fanions, réceptionnistes, malettes, audiovisuel. Jacques Tallud, maître provisoire des lieux, veille. Je partage ce contentement : tout le monde est là, les 200 participants arrivent, en particulier des visages connus de FCSMP et FFESSM.
La salle se remplit, premier objectif atteint.
Place aux cogitations !
Deux jours plus tard, je n’aurais pas imaginé que cette session soit aussi productive et marquante. Que s’est-il passé ?
Des phrases, des chiffres de décideurs et d’experts ont marqué, posé les pierres d’une nouvelle étape. Voilà le film d’une naissance.
Petites phrases et construction
« Vous êtes une force ! » Merci à Alain Bentaha d’avoir positionné ainsi les pêcheurs plaisanciers, qui, dès le discours d’ouverture chaleureux de Joël Battteux (maire de Saint-Nazaire), ont compris que l’accueil permettrait un fructueux travail.
Pendant le premier atelier, cette force se veut économique, comme le développe le représentant de la fédération des industries nautiques dont la filière représente 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, filière sensible aux limitations et taxes.
Force économique également quand l’on considère que les budgets pêches des pratiquants représentent près 3 milliards d’euros selon l’étude IFREMER de référence.
Télécharger la présentation table ronde économie
Cette force est inécoutée.
« Qu’est ce qui fait 36 cm chez les pros et 42 cm chez les amateurs ? ». C’est par cette boutade que Gérard d’Aboville, Président du Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques, évoque l’inéquité des mailles.
Pendant le même atelier, je reprécise que la chasse en apnée, reste très éloignée de la plongée et qu’elle nécessite environ 400 euros d’équipement de base.
La pause arrive. Les contacts informels se nouent entre organisateurs et pratiquants. Des photos de pêches défilent sur les smartphones. La communauté de valeurs sur la tribune se retrouve en entretiens, rendez-vous, projets. La mayonnaise prend (« pardon l’aïoli » comme le précise un intervenant méridional au micro).
Au sein de cette communauté de travail, la chasse sous-marine est bien présente comme l’illustreront les différents ateliers.
Porteurs de néoprène.. mais aussi d’idées
Lors de l’atelier sécurité dominé par les problématiques de navigation, les plaisanciers se plaignent de peu nous voir.
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Hugues Maldent, représentant FCSMP dans cet atelier, connaît bien cet enjeu. Il a en effet compilé des différentes astuces pour améliorer notre signalisation dans la dernière version du guide du chasseur sous-marin. Force est de reconnaître que les textes ne norment pas la dimension de la bouée.
Pendant l’atelier environnement, il est démontré que la pêche plaisance impacte peu l’environnement : nos efforts pour réduire l’impact sur la ressource et l’environnement, ont été présentés, reprécisés suite aux interprétations abusives de chiffres partiels lors d’une étude d’IFREMER récente.
Télécharger la présentation environnement
Il est très plaisant que la FCSMP prenne en compte les précisions dans la gestion de la ressource. En effet, un cadre d’Ifremer explique qu’au delà de la ressource et du volume de poisson, son habitat est aussi primordial. Frédéric Lechat notre représentant décline cette problématique, et va au-delà du thème général qui est l’impact sur l’écosystème, que ce soit au niveau des prélèvements, des rejets, des préservations de l’habitat. Il met en valeur la plus-value des chasseurs sous-marins en présentant le savoir-faire technique de son association Estuaire Loire Vilaine qui permet le suivi des laminaires de la Baule à l’îlot Dumet. Dans l’assistance, cet exemple local frappe par sa technicité et l’importance donnée au rôle de l’habitat chez les poissons.
De même cette spécificité du chasseur sous-marin interpelle quand, lors de l’Atelier « port », Joël Bréchaire interroge la tribune sur le prix des cales de mises à l’eau et Jean-Michel Bocognano insiste sur l’importance de l’accès à la mer, rappelant qu’en absence d’un anneau portuaire « projet de vie », les chasseurs se rabattaient sur « le bord », le kayak, puis le semi-rigide,
Télécharger la présentation atelier portuaire
Lors de l’atelier pêche en bateau, la bande côtière apparaît comme une zone à protéger des pêches abusives. Ce terme précis avait été soufflé par la FCSMP (avertie sur ce sujet par la FFESSM) en réunion préalable, afin d’autoriser des rassemblements éventuels de chasseurs.
Télécharger la présentation pêche en bateau et du bord
Lors de l’Atelier pêche à pied, si au premier abord l’atelier et la palourde boudeuse semblait peu concerner la chasse, il a fallu reconnaître que la pêche à pied connaît les mêmes enjeux : sensibilisation d’une masse de pratiquants (la DPMA reconnaît d’ailleurs que les plaquettes dues aux initiatives de la FNPPSF sont très utiles), préservation de la ressource, et sciences participatives (le projet life est évalué à 1 million d’euros).
Télécharger la présentation pêche à pied
Au fond de mon fauteuil, j’en conclue que les sciences participatives ne sont pas « qu’un terme à la mode ». Cela tombe bien, c’est justement ce qui est mis en avant lors de l’atelier pêche en apnée.
Une présentation qui pour nous chasseurs semble au début descriptive, mais qui, grâce au travail de Richard Sabatié, frappe l’auditoire : nous sommes les yeux et les oreilles des gestionnaires de la mer (j’évoque le claquement du corb et les coups de queue des bars). Gestion de la mer, technique objective, qui apparaît nécessaire pour des espèces où l’affectif domine (une question du public concerne le mérou).
Télécharger la présentation pêche en apnée et sciences participatives
Les chasseurs sous-marins artisans de leur changement
Les tables rondes sur l’environnement et de clôture insisteront sur l’éco-responsabilité et les sciences participatives.
Grâce à ses compétences le chasseur sous-marin aura donc toute sa place dans la gestion locale.
A lui d’assumer des changements de pratiques, de discours.
Les décideurs ont entendu, compris, nos arguments. A eux de prendre acte.
Final
Cette dernière photo de famille pourra leur rappeller, si besoin, que les pêcheurs loisirs, au delà de leur différence, sont aujourd’hui capable de parler d’une seule voix.
C’est sur ces méditations ambitieuses et très sérieuses que s’achèvent les cogitations.
Les Assises se vident, les amis s’éloignent … La construction de ces deux jours devra rester comme le socle de notre futur !
Remerciements à Bruno Laviron, Jean Michel Pécudé, Hugues Maldent, Frédéric Lechat, Richard Sabatié, Joel Bréchaire
Pierre Mahieu
Pour aller plus loin :